Christophe Aussenac, le prochain Président de FESPA

Photo christophe aussenac 2020

Christophe Aussenac, Dirigeant fondateur d’ATC Groupe et prochain président de FESPA qui prendra ses fonctions en octobre 2021, nous parle de sa vision de l’impression passée, présente et future. 

Quand avez-vous tenu une raclette pour la première fois ? 

J’ai appris un nouveau mot “squeegee” : raclette ! En France, on appelle raclette, une sorte de fromage. J’ai utilisé ma première raclette à 25 ans et j’ai lancé ma propre entreprise. Le matin je rendais visite aux clients et l’après-midi, je produisais dans mon atelier ce qu’ils avaient commandé. Mais mon premier travail était commercial dans une agence de communication. Là, j’ai découvert la sérigraphie et j’ai réalisé que j’aimais vraiment cela – c’était technique, créatif et un peu associé à la publicité. Je suis resté quelques années dans cette agence de communication puis j’ai créé ATC.

Photo christophe aussenac tenant une raclette 2021
Christophe Aussenac montre sa première raclette
Quand avez-vous réalisé que vous aviez trouvé un travail qui deviendrait une passion pour la vie ?

Très tôt. Grâce à cette découverte, j’ai créé une entreprise et j’ai su dès le départ que ce serait ma passion professionnelle.

Photo chrisotphe aussenac et michel caza fondateur fespa
Christophe et l’innovateur de la sérigraphie Michel Caza
A quelles occasions vous êtes-vous senti le plus privilégié ? 

Être entrepreneur, c’est être totalement libre. Libre de ses choix, de ses décisions… bien sûr le challenge économique reste toujours présent. Nous visons la réussite, mais nous pouvons faire ce que nous voulons, quand nous voulons. Pour moi, c’est le signe de liberté et de réussite. 

Si vous lanciez votre entreprise aujourd’hui, pourriez-vous réussir à nouveau ou le monde de l’impression est-il devenu trop spécialisé ? 

De nos jours, il existe de nombreuses options avec Internet, le Web-to-print et toutes les autres possibilités de communication. Un jeune dans ce domaine peut avoir beaucoup plus de succès que moi aujourd’hui, s’il saisit ces opportunités quand elles se présentent. C’est juste une question de motivation. 

Quelle est la valeur de votre expérience en tant qu’imprimeur appartenant à FESPA ? 

La partie la plus importante de l’adhésion à FESPA est l’opportunité de rencontrer des confrères et d’apprendre des expériences d’autres membres et d’autres pays. Je suis également président de FESPA France et pour convaincre les futurs membres, je dis : « ouvrez votre esprit, avec FESPA vous pouvez aller partout dans le monde. Ce n’est pas seulement pour des raisons commerciales, mais vous pouvez apprendre des autres, voir ce qui se passe dans d’autres pays et rencontrer d’autres dirigeants d’entreprise. » À cet égard, FESPA est unique. 

En tant qu’imprimeur de classe mondiale au sein de la communauté FESPA, pensez-vous que la fédération est toujours aussi pertinente qu’elle l’était avant qu’Internet ne bouleverse les réseaux d’affaires ?

Internet a changé notre façon de communiquer, mais rien ne peut remplacer les rencontres en face à face, et cela ne changera pas notre famille FESPA. Nous utilisons souvent le terme « FESPA Family », mais c’est le cas. Nous opérons sur des marchés concurrentiels où nous devons protéger la propriété intellectuelle. Cependant, il existe de nombreuses opportunités de comparer nos expériences et de créer des partenariats et des alliances qui nous donnent un avantage concurrentiel.

Dans l’environnement post-COVID, quel est l’avenir de l’impression numérique grand format dans la production de publicités, de covering de véhicules et de signalétique décorative ? 

Avant COVID, l’évènementiel représentait environ 50% de notre activité, donc pendant le confinement, le travail était incroyablement calme, si calme, que nous étions inquiets de la situation. Mais nous avons compris que nous devions trouver un moyen de gérer le futur et redécouvrir l’avenir de notre entreprise. 
Nous avons pris des décisions importantes : une nouvelle communication au sein de l’entreprise et une nouvelle gestion du système. Nous avons maintenu une activité industrielle et de covering de véhicule qui est restée stable, et notre production de produits de décoration d’intérieur a même légèrement augmenté car les gens confinés ont eu le temps de se concentrer sur d’autres projets comme la signalétique décorative. Pour moi, le plus important était de maintenir nos relations humaines avec nos collaborateurs. 

Pourquoi êtes-vous resté si fidèle aux imprimantes d’EFI ? Que permettent-elles  d’offrir à votre entreprise et vos clients ? 

Nous sommes restés chez EFI car ils ont toujours travaillé en étroite collaboration avec nous. Ils nous promettent de nouvelles machines innovantes tous les deux ans. Leurs produits nous offrent vraiment ce que nous voulons : rapidité, qualité et prix raisonnable. Nous avons acheté notre première machine EFI VUTEk en 2000 et depuis, nous avons acheté environ 14 machines d’impression à EFI. Lorsqu’une de nos machines vieillit, EFI nous fera toujours une très bonne proposition financière pour la remplacer. Si vous devez dépenser des centaines de milliers d’euros pour mettre à jour des imprimantes tous les trois ou quatre ans, vous avez besoin d’un très bon partenaire. 

Photo bureaux atc rillieux la pape
Bureaux ATC à Rillieux-la-Pape, aux portes de Lyon 
Quels sont, selon vous, les avantages de combiner des procédés tels que la sérigraphie et le numérique dans l’industrie ? 

Il y a 15 ans, il était très difficile pour les sérigraphes d’adopter cette nouvelle technologie numérique car il nous semblait impossible de comprendre quelque chose d’aussi différent de ce que nous avions. Beaucoup de sérigraphes ont dit que ça ne fonctionnerait pas, que ce n’était pas possible, que le numérique n’était pas pour eux car ils étaient meilleurs en faisant les choses de manière traditionnelle. Beaucoup d’entre eux n’ont pas investi dans le numérique, car à l’époque, il n’était pas évident que ce serait la voie de l’avenir, l’impression numérique était lente et la qualité n’était pas très bonne. Mais pour être avant-gardiste, nous devons comprendre et adopter l’innovation.

Comment votre entreprise a-t-elle maintenu ses valeurs fondamentales tout en devenant plus respectueuse de l’environnement ?

Chez ATC, nous travaillons sur le développement durable depuis 15 ans. J’avais l’habitude de dire à l’époque que je ne savais pas si les gens savaient comment épeler les mots « développement durable » parce que c’était un concept tellement rare.

Un jour, j’étais assis dans ma voiture et j’écoutais à la radio une émission sur le développement durable et l’écologie. À ce moment-là, j’ai réalisé que je faisais des affaires dans un domaine très impactant, car nous imprimions à grande échelle sur des banderoles en PVC avec des encres à solvant pour une utilisation à court terme. À ce moment-là, nous ne regardions pas vers l’avenir. Je voulais savoir comment nous pouvions changer l’avenir de notre entreprise avec le développement durable au coeur. J’ai informé mes fournisseurs et partenaires que mon objectif était d’évoluer vers une solution écologique. Beaucoup d’entre eux ont dit qu’ils avaient les mêmes objectifs et ont suivi notre projet. 

J’ai donc organisé quelques petits déjeuners « verts » intitulés « Eco Attitude », où 40 entreprises ont pu se réunir pour parler de cette problématique. À l’époque, nous n’avions pas de livres ou de ressources sur le développement durable, il était très difficile de savoir quoi faire. Nous nous sommes alors engagés en faveur du développement durable, même si cela perturbait l’entreprise. Nous étions conscients que cela pourrait entraîner des perturbations importantes et un réalignement majeur de notre entreprise, ce qui nécessiterait des investissements pour en tirer des avantages à long terme. 

Le défi pour toute entreprise est d’adopter des produits écologiques tout en restant compétitive au niveau des prix. C’est possible, même si vous devez accepter de prendre des risques accrus en vous adaptant à un nouveau paradigme.

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Covering de véhicules au Tour de France 2017

Vous pouvez récupérer de la valeur en vendant des déchets, cela ne rapporte pas beaucoup d’argent, mais c’est une contribution. Votre zone de production est plus organisée et les gens sont plus impliqués. Éliminez l’utilisation d’encres à solvants dangereuses et remplacez-les par des encres UV ou des alternatives plus respectueuses de l’environnement. Lorsque vous parlez de nouvelles machines de production, vous devez bien sûr avoir de la qualité, de la vitesse et de l’encre de meilleure facture, mais vous devez également penser au conducteur de la machine et aux facteurs ergonomiques auxquels il est confronté. Enfin, vous pensez aux personnes qui travaillent pour vous, pas seulement à vos objectifs écologiques ou aux déchets que vous générez. Le développement durable est donc aussi un projet très socialement responsable.

Pensez-vous que la responsabilité environnementale soit une condition préalable à toute activité commerciale ou un luxe à faire respecter par le gouvernement ? 

À mon avis, nous n’avons pas le choix en matière de durabilité. Si nous voulons faire partie de l’avenir, nous devons améliorer notre impact sur l’environnement. Il n’y a pas de choix. Ce n’est pas seulement pour des raisons commerciales stratégiques, mais aussi pour la planète et nos enfants. 

Aujourd’hui, le “greenwash” est très à la mode. Les clients demandent souvent aux imprimeurs d’imprimer un média, par exemple une bannière, “sans PVC”. Ensuite, ils peuvent se laver les mains et dire : « Nous avons fait du “vert”. » Mais cela ne suffit pas. Nous devons imprimer sur des supports en PVC, mais de bonne qualité, avec une bonne encre et ensuite éliminer nos déchets correctement. Il est important de réfléchir à tout cela car, parfois, il peut être préférable d’imprimer sur un matériau PVC et connaître la filière de recyclage que sur un matériau sans PVC et ne pas le recycler in fine.

Quelles perles de sagesse offririez-vous aux plus jeunes de notre communauté qui souhaitent s’affirmer dans l’impression ? 

Mettez-vous toujours au défi. Essayez de vous différencier car il y a beaucoup de concurrence. Servez le client. Et ayez confiance en vous.

Article sur fespa.com traduit de l’anglais

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Livre « 55 ans de sérigraphie d’art » Michel Caza