Analyse des écrans publicitaires numériques en France : vers une prise de conscience nécessaire

Le déploiement des écrans publicitaires numériques — en intérieur (centres commerciaux, halls, points de vente) comme en extérieur (panneaux, totems, façades lumineuses) — s’est fortement accéléré ces dernières années. Pour les acteurs de la communication visuelle, il est aujourd’hui essentiel de mesurer non seulement l’efficacité commerciale de ces supports, mais aussi leur empreinte environnementale.

Dans son rapport 2025, l’ADEME dresse un état des lieux nuancé du secteur : si l’impact environnemental des écrans reste un enjeu important, l’agence souligne également plusieurs points positifs. Elle reconnaît notamment que la technologie LED, largement utilisée, est adaptée aux usages extérieurs, et que la taille des écrans doit être cohérente avec la distance de lecture (automobilistes vs piétons).
Le rapport confirme aussi que plusieurs bonnes pratiques sont déjà mises en œuvre par les professionnels : extinction nocturne (souvent dès 23h), capteurs de luminosité, qualité des matériels pour prolonger la durée de vie des installations.

Enfin, l’ADEME rappelle que le bilan carbone de la publicité numérique est plus faible en France qu’ailleurs en Europe grâce à un mix énergétique très faiblement carboné.
Ces éléments montrent que, malgré les efforts engagés par la profession, une meilleure compréhension de l’impact global des écrans et une réflexion collective restent nécessaires pour accompagner l’évolution du secteur.

Ce que dit l’étude ADEME

Selon l’étude « Analyse portant sur les écrans publicitaires numériques en France » publiée par l’ADEME :

  • En France, environ 15 000 écrans publicitaires installés en régie sont recensés.
  • Leur usage annuel équivaut à l’empreinte carbone de 1 200 Français, la consommation en ressources minérales de 32 000 personnes et la consommation électrique de près de 3 500 logements.
  • Sur l’ensemble du cycle de vie des écrans — fabrication + usage + fin de vie — la fabrication pèse lourd : entre 48 % (usage de l’eau) et 76 % (ressources minérales).
  • La phase d’usage représente entre 67 % et 93 % pour les indicateurs énergétiques, et entre 16 % et 38 % pour d’autres indicateurs.
  • La gestion de la fin de vie des équipements (DEEE) est un point critique, nécessitant des filières robustes et une valorisation maîtrisée.
  • Le choix technologique (LED vs LCD), la taille de l’écran ou encore la présence d’un totem de protection influencent fortement l’impact environnemental.

     – Les très grands écrans LED peuvent générer un impact multiplié par 5 par rapport à des tailles plus modestes.

     – Un totem protecteur, bien que générant un impact initial, peut réduire l’impact global de 30 à 40 % en prolongeant la durée de vie de l’écran.

Implications pour les acteurs de la communication visuelle

Pour les imprimeurs, installateurs, régies et spécialistes de l’affichage, ces résultats montrent la nécessité de :

  • Intégrer systématiquement l’impact environnemental dans les choix d’installation ;
  • Adapter la taille et la technologie au contexte réel d’usage ;
  • Prolonger la durée de vie des écrans (maintenance, protection, usage raisonné) ;
  • Mettre en place une gestion “fin de vie” responsable (collecte, recyclage, reconditionnement).


Enjeux pour la filière

Dans un contexte de sobriété énergétique et d’attentes croissantes des collectivités comme des consommateurs, la filière de la communication visuelle peut :

  • promouvoir une publicité plus responsable,
  • intégrer des critères environnementaux dans les appels d’offres,
  • sensibiliser les clients à l’impact réel des écrans numériques.

 

L’étude de l’ADEME met en lumière l’impact significatif des écrans publicitaires numériques. Leur usage, s’il représente un levier marketing puissant, doit être repensé pour concilier attractivité visuelle et responsabilité environnementale. La filière de la communication visuelle a un rôle clé à jouer dans cette transition.

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Livre « 55 ans de sérigraphie d’art » Michel Caza