Alors qu’à la même période en 2019, le rideau se levait sur le congrès FESPA France à Strasbourg, Guy Tinsel, président de l’Espace Européen Gutenberg, revient sur une carrière de 50 ans et sur l’avenir du secteur de l’impression.
Comment êtes-vous arrivé à la sérigraphie ?
J’ai été formé par deux professeurs à l’Ecole des Arts Décoratifs de Strasbourg. Mes premières sérigraphies professionnelles ont été réalisées en 1969, pour les magasins Magmod – actuellement Galeries Lafayette à Strasbourg.
Que diriez-vous aux jeunes qui souhaitent se lancer dans l’industrie de l’impression, de la sérigraphie ?
Je leur expliquerais les multiples applications – tant industrielles qu’artistiques et graphiques – de la sérigraphie. En 1975, alors que j’imprimais Minitel et des circuits imprimés, un responsable technique m’a dit que la sérigraphie était morte – 44 ans plus tard, ça marche toujours. Je suis toujours motivé pour transmettre mes connaissances et encourager les jeunes.
Johannes Gutenberg, qui a vécu à Strasbourg entre 1434 et 1444, affiche sa célèbre bible dans le centre-ville
Comment avez-vous vu le développement durable changer les pratiques de travail ?
L’évolution constante de l’impression et l’arrivée du numérique ont permis de développer des processus. L’évolution rapide des matières premières et des équipements dans le secteur de l’imagerie a amélioré la qualité et réduit les coûts de production.
De quoi êtes-vous le plus fier dans votre carrière ?
Pour avoir participé à la normalisation de la sérigraphie, et pour mon travail dans des entreprises comme Chromaline. Développement également de films capillaires en Europe, pour la société Kissel + Wolf. Je participe toujours aux journées techniques pour K + W.
Quel a été le travail le plus difficile que vous ayez jamais fait ?
Impression de 500 000 t-shirts pour une campagne publicitaire !
Quelle est l’importance de la FESPA aujourd’hui ?
La FESPA doit s’adapter à l’évolution technologique et poursuivre sa transmission de savoir-faire. Elle a tissé ce lien entre les différentes associations dans le monde et à travers ces expositions.
Parlez-nous de L’Espace Européen Gutenberg (EEG) : quelles sont les choses les plus intéressantes à y voir ?
Depuis 2004, l’Espace Européen Gutenberg, membre de FESPA France, travaille à la création d’un centre dédié au secteur de l’impression et aux arts graphiques sous toutes ses formes, de la naissance du caractère mobile à l’impression 3D : le Centre Gutenberg. À ce jour, le musée a sauvé de nombreuses machines caractéristiques de différents métiers de l’impression comme la typographie, la lithographie, la gravure, la sérigraphie et l’offset (voir photo ci-dessous).
L’EEG organise son Festival des imprimeurs tous les deux ans pour sensibiliser le public à son action. Dans l’année exceptionnelle de 2018, il a initié et coordonné le programme 2018 du 550ème anniversaire de la mort de Gutenberg avec le soutien de la ville. Nous construisons des liens durables dans l’axe transfrontalier Rhin et dans l’espace européen autour de Gutenberg.
Quel est votre rôle dans le musée ?
Actuellement, je suis président de l’Association. Lorsque le bâtiment nous sera attribué, je participerai à la mise en place d’une interface de formation à la sérigraphie, aussi bien pour les arts graphiques que pour les techniques industrielles dans tous les secteurs – électronique imprimée, textile, etc.
En créant des micro-entreprises, nous développerons la réalité augmentée et l’impression 3D ainsi que des projets universitaires d’accueil. Ce sera un lieu où les étudiants et les artistes pourront apprendre et utiliser nos outils.
Quels procédés d’impression modernes vous enthousiasment aujourd’hui ?
Nous avons maintenant la possibilité d’imprimer sur tous les supports : actuellement, je suis enthousiasmé par l’amélioration de la qualité et la finesse de l’électronique imprimée – aussi petite que 20 microns. Mon autre ambition est de travailler le transfert de chocolat avec des pâtissiers qui peuvent aujourd’hui faire de la crème au chocolat quatre couleurs !
Un des moments les plus heureux de Guy Tinsel… présentant à Michel Caza une sérigraphie de la cathédrale de Strasbourg qui incorpore de la poudre de grès.
Article sur www.fespa.com