Sérigraphe

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Missions et activités principales du sérigraphe

Photo serigraphie industrielle 4

Le sérigraphe imprime des motifs de façon répétitive (nombre d’exemplaires et nombre de couleurs) et sur différents supports (papier, carton, plastique, textiles, verre, métal, etc). Ces motifs peuvent être graphiques (publicité, art, signalétique), décoratifs (textile et autres) ou techniques (électronique, sur verre et autres).

Il pilote une imprimante qui utilise la sérigraphie, un procédé d’impression qui consiste à faire passer de l’encre ou un produit semi-pâteux à travers un écran pour le déposer sur une surface à imprimer.  Après avoir analysé le dossier de fabrication :

  • Il vérifie la faisabilité technique de la commande et identifie les travaux de façonnage à réaliser (pliage, prédécoupage…) afin de contrôler la qualité finale du produit.
  • Il prépare les encres, les racles et contre-racles d’impression, puis valide le choix du support
  • Il fabrique et fixe les écrans et contrôle leur qualité.
  • Il règle la presse (le calage, le repérage des couleurs, la pression de racle et contre-racle, le margeur automatique ou 3⁄4 automatique) et le tunnel de séchage puis lance l’impression des supports.

Pendant le tirage, il contrôle régulièrement la qualité d’impression et réalise les corrections nécessaires. Il est responsable de l’approvisionnement de sa machine en consommables, de son nettoyage et de celui des écrans après chaque tirage, il peut être manuel ou automatisé. Il gère également son entretien et des opérations de maintenance simples. 

La sérigraphie a été redécouverte simultanément au début du XXe siècle aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Puis, elle a été introduite en France vers 1930, notamment pour l’impression de plaques publicitaires en tôles émaillées. Aux États-Unis, on lui découvre sa vocation industrielle et graphique et prend un essor colossal dans le marquage à même l’objet. Pendant la crise de 1930, les artistes l’adoptent, voyant là un moyen économique de reproduire leurs œuvres (citons Ben Shan, Robert Gwathmey, Harry Sternberg, puis Jackson Pollock et Marcel Duchamp). Ils la rebaptisèrent “sérigraphy” par opposition à “silkscreen” utilisé dans l’industrie. En 1945, en Allemagne, la sérigraphie (siebdruck) arrive sur le fuselage des avions US où des “comics” étaient imprimés. En France, elle s’appellera d’abord séricigraphie (séricum = soie) puis enfin sérigraphie. La sérigraphie est adoptée par le mouvement du Pop Art et des artistes tels qu’Andy Wahrol, Roy Lichtenstein, Robert Rauschenberg, James Rosenquist.

Ces artistes ont souvent travaillé en collaboration avec des sérigraphes professionnels qui se sont occupés de la partie technique du travail. La sérigraphie est aussi un procédé d’impression qui est un pur produit de la société industrielle répondant à un besoin de marquage solide durable et bon marché. C’est actuellement un des moyens les plus modernes de reproduction parce qu’il se prête à tous les supports. On l’utilise en électronique : marquage des références, fabrication de circuits imprimés, impression des circuits souples, impression des claviers de micro-ordinateurs et des composants… On se sert aussi de la sérigraphie pour imprimer des emballages de toutes sortes, sur des matériaux les plus variés tels que le carton, PVC, polypropylènes, polycarbonates, etc. Le marché de la sérigraphie est en progression constante, des entreprises de petites et moyennes dimensions se le partagent. On trouve aussi de nombreuses unités d’impression « intégrées » à l’intérieur de grandes industries (dans les verreries par exemple).

La sérigraphie s’applique ici sur toutes sortes de matériaux, papiers, cartons ou plastiques, en tant « qu’art graphique de la Galaxie Gutenberg », et plus particulièrement à des réalisations publicitaires : affiches de toutes tailles, présentoirs et éléments divers de magasins ou de vitrines pour la PLV (Publicité sur le Lieu de Vente), éditions de cartes de vœux, illustrations et encarts d’ouvrages à tirages limités, emballages de luxe, etc.

Elle permet, en plus, l’impression graphique décorative ou publicitaire sur des supports comme le métal, le verre, la céramique, les décalcomanies, etc. Elle a ses aptitudes propres et ses limitations. Nous l’avons vu, elle ne peut toujours pas prétendre à la reproduction tramée, tri et quadrichromie et à une finesse comparable dans l’ensemble, à celle des autres techniques graphiques sauf lorsque celle-ci est dans des mains très expertes – auquel cas elle peut même aller plus loin !

Elle ne peut encore les concurrencer sous l’angle de la rapidité du tirage qui ne peut dépasser actuellement 4 000 exemplaires à l’heure (sauf sur CD ou bouteilles où elle peut atteindre les 6 000/heure et plus) sur les machines automatiques les plus modernes en une couleur et 800 à l’heure en grand format sur les machines quatre ou cinq couleurs. A cause de cela, elle ne peut prétendre que difficilement exercer une concurrence dans le domaine des prix de revient, dès que le tirage dépasse 1 500 exemplaires en grand format.

En revanche, la richesse, l’intensité et la durabilité de ses couleurs, le moindre prix de revient de ses clichés, la rapidité des calages et des coûts d’investissement un peu moins élevés permettent à la sérigraphie de disposer d’atouts essentiels dans les domaines basés sur l’effet visuel, et souvent, de compléter admirablement les autres procédés qu’ils soient classiques ou numériques. Le processus des opérations que doit effectuer l’imprimeur-sérigraphe pour arriver à la reproduction en série d’une image graphique ou publicitaire, se décompose ainsi :

  1. Le prépresse, c’est-à-dire l’élaboration des éléments graphiques, jusqu’au cliché – l’écran – process qui se fait maintenant essentiellement de façon numérique, qui permettront de reproduire textes et images
  2. L’impression sur presse manuelle, semi- ou tout automatique, mono ou multi-couleurs
  3. Le séchage ou la polymérisation des encres
  4. Le post-presse, c’est-à-dire façonnage et finition.

Chaque année, en Europe, en Asie et en Amérique du Nord ont lieu des salons internationaux comme FESPA exclusivement réservés à la sérigraphie et à l’impression numérique.

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En savoir plus sur l’origine de la sérigraphie

Il n’y a pas de date précise pour marquer les débuts de la sérigraphie. Il n’y a pas non plus un nom à donner pour identifier un quelconque découvreur ou inventeur.

 

Cette technique était utilisée au Japon au XVIIe siècle et comme beaucoup de choses qui ont cours au Japon ont une origine chinoise, on peut dire que la sérigraphie a été utilisée tout d’abord en Chine, et principalement pour ennoblir des tissus.

 

En effet, la tradition chinoise de teinture est ancienne. Une méthode pour réaliser des teintures est l’empâtage. On appelle “empâtage” le fait de ménager des réserves sur un tissu à l’aide de pâte. Cette méthode et l’ensemble des procédés qui s’y rattache était très répandue chez les teinturiers à domicile en Chine au XIIe siècle. Elle était connue sous le nom de “in-fa-pu” (en transcription). La pâte utilisée était préparée à l’aide de colle et de son de riz broyé et pétri ou d’un gel mélangé à de la chaux. Elle était appliquée sur les tissus destinés à être teints au moyen d’un tube de bambou ou au moyen d’un pochoir. Les tissus teints de cette manière étaient en chanvre, en soie et en coton et servaient à faire des vêtements, couvre-lits et fichus.

 

Les pochoirs (“katagami”), utilisés dans cet artisanat, étaient découpés dans du papier qui était au préalable enduit de vernis pour le rendre plus résistant et imperméable. La découpe s’effectuait à la main en double exemplaire. Entre ces deux exemplaires, un réseau de fils de soie (peut-être de cheveux) était mis en place pour rendre l’ensemble plus solidaire. La pâte était passée à l’aide d’une racle et dans certains cas à l’aide d’un pinceau large. Après séchage du dépôt laissé par les parties ouvertes du pochoir, les tissus étaient teints et ensuite lavés pour éliminer la pâte. La finesse obtenue était de l’ordre du millimètre.

 

Plusieurs méthodes d’ennoblissement de tissu utilisent le pochoir.

Les impressions traditionnelles de tissus appelées “bingata” combinent les trois méthodes suivantes : réserve par empâtage au pochoir, enluminure au pinceau et impression directe au pochoir. Une quarantaine de dessins est dédiée à cette technique (une dizaine représente des animaux et une trentaine des fleurs et des paysages). Le procédé “chusen” consiste, lui, à imprimer au pochoir une réserve sur un tissu de telle manière que cette réserve se trouve répétée, dix fois par exemple. Le tissu est ensuite plié dix fois (dans notre cas de figure) selon les impressions, puis teint en aspergeant le tissu de colorant. Certaines teintures complexes nécessitent jusqu’à 150 pochoirs.

 

Un autre type de tissu appelé “yuzen” combine aussi ces trois phases. Les motifs sont imprimés au pochoir, puis coloriés à la main avec un pinceau, et recouverts d’une pâte de réserve avant d’être teints d’une teinture appliquée à la racle.

 

Bien qu’on retrouve les tissus dont je viens de parler à l’époque de la dynastie Ming en Chine (1368-1662), certains attribuent la découverte de la sérigraphie à un japonais du nom de “Some-Ya-Yu-Zen” au XVIIe siècle (époque du shogunat d’Edo). Il est vrai qu’à cette époque, la sérigraphie avait une très grande importance, comme nous le montre le livre “24 représentations de l’artisanat japonais” écrit par Yoshinobu Kano (1552 – 1640) qui met en scène la vie d’un atelier de sérigraphie.

 

Au Japon, à l’époque Muromachi et Momoyama (XIVe et XVe siècle), la sérigraphie fut utilisée en complément de la teinture faite grâce à des ligatures (tie dyeing). L’ensemble de ces impressions s’appelle « tsujigahana ». Il s’agit d’une technique destinée à décorer les tissus et les vêtements avec des feuilles d’or et d’argent. Dans ce dessein, l’opérateur imprime de la colle sur le tissu puis pose une feuille d’or dessus. Une fois la colle sèche, il brosse le tissu. L’or reste accroché uniquement aux endroits où se trouve la colle.

Cette technique est la même que l’on utilise aujourd’hui pour avoir des impressions métalliques sur un tee-shirt. Actuellement, on utilise, à la place des feuilles d’or, des feuilles de mylar® (non autocollant). L’étude des motifs imprimés de cette manière montre à plusieurs endroits qu’un pochoir rudimentaire ne pouvait être utilisé et qu’il fallait qu’il soit bien renforcé avec des liens très fins.